PHILOSOPHIE CHINOISE

La Solitude

Notre corps est composé de plus de 10 13 = dix mille milliards de cellules, les bactéries dans notre flore intestinale sont 10 fois plus nombreuses et on en dénombre environ 500 espèces différentes, elles nous permettent de digérer les aliments; nous avons autour de nous des plantes, des animaux domestiques, des insectes, des voisins etc., et pourtant, nous nous sentons seuls ! Nous sommes des êtres sociaux et vivons en communauté, nous côtoyons pratiquement tous les jours des personnes, soit de notre entourage, soit de notre voisinage, ou bien un passant, une vendeuse, un médecin etc., et pourtant, nous nous sentons seuls ! Nous sommes dans l’ère de la communication, il n’a jamais été aussi facile de contacter quelqu’un que par les moyens techniques mis à disposition actuellement, et pourtant, nous nous sentons seuls ! Il arrive même que des personnes vivant en couple se sentent seules ! Comment est-ce possible ? D’où vient cette “solitude”, ou devrait-on dire “sensation de solitude” ? Comment est-ce possible de se sentir si seuls alors que nous sommes toujours entourés de beaucoup d’êtres vivants ?

En fait, il faut comprendre que la solitude est un leurre ! Elle n’existe pas !

La solitude n’existe pas, parce que nous sommes toujours entourés d’êtres vivants, qu’ils soient de l’ordre de bactéries, cellules, plantes, animaux ou humains. Donc, en réalité, nous ne sommes jamais seuls ! Alors comment se fait-il qu’on puisse avoir une sensation de solitude ? D’où vient cette sensation de solitude ? Tout simplement parce qu’on associe la solitude à un manque de compagnie, un manque d’échange avec quelqu’un. La compagnie est associée à un attachement qu’on porte à un être vivant donné. Mais elle est aussi souvent associée à une attente vis-à-vis d’une personne. Par exemple : je me sens seul parce qu’il me manque une relation d’échange avec une personne, ou un contact avec une personne. Ou encore, je me sens seul parce qu’il me manque un conjoint, et la personne va se dire “je me sens seule” en pensant inconsciemment qu’elle est seule parce qu’elle n’a pas de conjoint ou parce qu’elle n’est pas avec la personne qu’elle s’imagine avoir le droit d’avoir. C’est ainsi qu’il arrive que même des personnes en couple peuvent se sentir seules, parce que leur  solitude est basée sur un  manque qui repose sur une attente , manque qui n’est donc pas réel (puisque la personne est en couple), mais ressenti comme tel parce qu’il s’appuie justement sur une attente : celle d’un conjoint qui doit être comme on se l’imagine, au lieu d’accepter et d’aimer le conjoint pour ce qu’il est ! La solitude est donc basée sur une attente qu’on a d’une personne qui est censée nous considérer, et avec qui nous pouvons partager nos soucis, nos bonheurs etc., tel un ami, un conjoint, un membre de la famille etc.. C’est pour cela qu’en définitive, on doit parler de sensation de solitude, et pas de solitude, à moins d’être un ermite vivant seul dans la nature, quoique lui n’est pas seul non-plus, puisqu’il est entouré de pleins d’être vivants non humains.

Si on arrête de souhaiter une relation particulière avec quelqu’un, du coup, on n’a plus de sensation de solitude. La sensation de solitude vient parce qu’on ne voit pas ceux qui nous entourent. Au contraire, ceux qui nous entourent, on ne les souhaite pas de cette manière, ou bien ils ne nous satisfont pas assez. Faites l’analyse ! Essayez de ne plus souhaiter telle ou telle relation avec une personne; arrêtez de vouloir être entourés de personnes qui devraient être comme vous le souhaitez ! Contentez-vous des personnes qui vous entourent, sans chercher plus loin. Acceptez-les pour ce qu’elles sont, et pas pour ce que vous aimeriez qu’elles soient ? Y a-t-il un changement ?

La solitude s’appuie aussi sur des conceptions fausses que nous avons, tels que  l’idée de l’âme soeur, ou l’obligation d’avoir un conjoint pour pouvoir être heureux. En fait, il faut savoir que cela n’est pas vraiment une nécessité pour être bien. On croit que cela doit être ainsi, mais est-ce vraiment le cas ? Il faut arrêter la quête de l’âme soeur qui n’existe que très rarement, arrêter de croire que pour être heureux, il faut un conjoint, autrement la sensation de solitude apparaîtra et elle nous fera souffrir. D’ailleurs, même avec l’âme soeur on peut se sentir parfois seul, si on est “toujours” en quête de l’être parfait. Dans ce cas, on reste en quête, et tant qu’on sera dans cette quête, on aura cette fameuse et regrettable sensation de solitude !

Il faut donc changer ces croyances, changer la vision que nous avons des choses ! Posez-vous la question : «Est-ce que notre regard est juste ?»

Il faut savoir que dans la réalité spirituelle, nous ne sommes jamais seuls, car intérieurement, nous sommes toujours reliés au grand Tout, à la grande Unité, le Tao. Avec le travail spirituel, la sensation de solitude disparaît. Alors,  nous ne nous trouvons plus dans une attente affective. Il est vrai que cette démarche est un peu difficile à saisir dans un premier temps, mais  tant que nous sommes dans cette attente (attente = Ego) de la pseudo âme soeur ou du conjoint parfait, nous souffrirons de la solitude !

La solitude est aussi un bon moyen pour nous recueillir. Cela est important lorsque nous devons digérer certaines situations, intérioriser un certain vécu. La solitude permet d’être confrontés à nous-mêmes, donc à notre propre intérieur. Elle peut aider à établir un lien avec notre être profond, notre être spirituel, et cela va aider à rétablir un équilibre entre ce que nous avons vécu et l’être suprême qui règne en nous. Malheureusement notre société moderne a tendance à délaisser cet aspect.

Il peut arriver que le sentiment de solitude puisse engendrer chez certaines personnes des angoisses, des phobies, des maladies, et cela peut les pousser aussi à faire des bêtises, comme par exemple «sauter dans les bras du premier venu ou de la première venue ....»

Le relationnel avec autrui évolue dans la vie, au fur et à mesure que nous grandissons. En grandes lignes, on peut observer deux grandes étapes qui le gouvernent :

- dans une première partie de la vie, la vie sociale sera en principe très importante, comme l’école, les bandes, être entouré d’amis etc.. Cela provient d’une sorte de solitude chronique qu’on ressent à ce stade et qu’on cherche à compenser. D’autres manières de compenser cette solitude sont aussi par exemple les doudous (objets transitionnels) ou tenir des journaux intimes, comme le font certains jeunes. Tout ceci vient du fait que nous croyons que c’est dans la relation avec autrui, ou à l’extérieur de nous, que nous allons pouvoir régler le problème de la solitude.

- dans la deuxième partie de la vie, après les études, ou dans la vie professionnelle, le cercle relationnel se restreint souvent. On se rend compte qu’avec peu d’amis, mais de vrais amis, on n’est pas plus mal, et que la qualité prime sur la quantité. En plus, plus notre intérieur mûrit et évolue, moins on aura besoin de s’appuyer sur une relation externe à nous, et moins on aura besoin d’être entourés.

Il faut aussi savoir qu’autrefois, avec les conditions difficiles de survie, les gens vivaient leur vie sans trop se poser de questions et n’avaient pas le temps de réfléchir à la solitude. Ils n’avaient donc pas cette sensation de solitude. Actuellement, le confort fait qu’on a plus de temps à notre disposition. Il n’y a plus de vrai combat de survie et du coup on a l’impression qu’on doit avoir une vie sociale : on veut vivre une vie affective et pleine, et être entouré de beaucoup de personnes par peur de s’ennuyer.

Que faire alors pour ne plus avoir cette sensation de solitude ?

Il faut en premier comprendre les relations. Pour cela, il faut se rendre compte que le conjoint idéal n’existe que dans de très rares cas, que les relations peuvent changer avec le temps, qu’on n’est pas seul, car on est toujours entouré d’une certaine manière. Il faut faire attention avec nos attentes. Avec le temps et la compréhension, on constatera qu’on sera peut être plus seul physiquement (car moins entouré par de faux amis, on aura fait un tri), mais moins seul intérieurement (car les quelques amitiés seront profondes, ou on aura compris qu’on ne doit pas avoir d’attentes, alors la sensation de solitude disparaîtra et on se rendra compte qu’on peut être heureux sans être nécessairement entouré). De toute manière, on n’est jamais seul, puisqu’on a tous des voisins, des contacts sociaux par le commerce, médecin, famille, professionnel, facebook, twitter, les plantes, les animaux, les insectes etc.. Mais évidemment, ces contacts ne correspondent pas tous aux “attentes” qu’on a d’une relation. Deuxièmement, plus on prendra conscience de qui on est et de comment on fonctionne, plus on pourra ressentir cette appartenance à un tout et moins on aura alors la sensation de solitude.

Il faut aussi savoir que toute relation sociale est d’abord une relation de séduction.

En effet, on veut plaire à l’autre et être considéré des autres pour avoir l’impression d’exister ! Ce sont nos repères. Mais avons nous réellement besoin de cela ? Dans un premier temps certainement oui, mais après ? À méditer ….

Finalement, on peut encore dire que si on n’a plus de sensations de solitude, alors c’est l’amour universel qui motive la relation avec l’autre. Dans ce cas, on accepte l’autre comme il est, et on l’aime pour ce qu’il est, et pas pour ce qu’on aimerait qu’il soit ! De plus, si on développe l’amour universel, concomitant à la compréhension de qui on est et de comment on fonctionne, on pourra ressentir progressivement cette union avec le Tout qui grandit en nous, et par là le sentiment de solitude disparaîtra progressivement.

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Au sujet du conjoint idéal ou de l’âme soeur, on peut considérer que  tous les conjoints sont idéaux, si le couple a comme objectif d’avancer et de grandir ensemble et de se soutenir mutuellement.

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